Historique

Du jardin 1900 aux cultures en chambres

Dès le XIIe siècle il existait un château à Gerbéviller. Son emplacement exact n’est pas connu. Il fut détruit par les armées du Duc de Bourgogne.

La seigneurie de Gerbéviller fut acquise en 1470 par Jean Wisse, bailli de Nancy. À partir de cette date Gerbéviller passa par alliances jusqu’au propriétaire actuel, le Prince Charles d’Arenberg, sans jamais être vendu.

À la fin du XVIe siècle le domaine appartient à Charles-Joseph de Tornielle. Il tient une place importante à la cour de Lorraine en tant que surintendant du Duc Henri II. C’est pour lui que Gerbéviller est érigé en marquisat en 1621. C’est sans doute à cette occasion qu’il entreprend de grands travaux dans le parc. Il en subsiste deux éléments d’une qualité architecturale exceptionnelle : le Nymphée et le Pavillon Rouge.

Parmi ses responsabilités de surintendant, Tornielle a celle des demeures ducales. Elle le met en rapport avec l’architecte Clément Métezeau qui vient en Lorraine construire la place de Charleville-Mézières et aménager les nouveaux jardins du Palais Ducal de Nancy, sur l’emplacement des anciennes fortifications. Il est très probable que Tornielle lui demande les plans du Pavillon Rouge et du nymphée.

Une gravure de Jacques Callot montre ces jardins de Nancy, aujourd’hui disparus. Pour passer de l’une à l’autre des deux terrasses qui les composaient, Métezeau crée un escalier à double rampe surmontant un décor de coquillages, concrétions et mosaïques autour de niches abritant des statues. Des artisans italiens viennent jusqu’en Lorraine le réaliser. Sans doute sont-ils également les auteurs du décor intérieur du nymphée de Gerbéviller qui reprend la composition d’ensemble de Nancy.

Les jardins de Gerbéviller s’organisent alors en une partie haute boisée, reliée par l’escalier du nymphée à plusieurs parterres en terrasses descendant juà la rivière. Les trois salles du Nymphée sont creusées dans la dénivellation de terrain. Un décor extrêmement précieux de coquillages, mosaïques, galets de couleur, cristaux de roche, était animé par un dispositif de jets d’eau jaillissant du sol et des niches murales. C’est la seule construction de ce type subsistant en France. Le Pavillon Rouge est un bâtiment, destiné seulement à recevoir.

Anne-Joseph de Tornielle, 3e marquis de Gerbéviller, meurt en 1737. Il laisse tous ses biens à son neveu, Camille de Lambertye et obtient du duc Léopold de Lorraine qu’il lui succède au titre de Marquis de Gerbéviller. Des transformations sont probablement entreprises à cette époque sur le château et le parc. Le château est alors en fer à cheval, sur deux étages, avec des toits en pente, percés de lucarnes, et un corps central surmonté d’un dôme. Il demeurera ainsi jusqu’à sa destruction au cours de la guerre de 1914-1918.

Vers 1815 Antoine Ernest de Lambertye demande à Louis-Martin Berthault (1770-1823) de réaménager le parc dans le goût romantique anglais. Sous l’Empire Berthault à occupé la fonction d’architecte de l’Impératrice Joséphine, pour laquelle il crée le parc de la Malmaison. Il est également architecte du palais de Compiègne où il réalise de nouveaux jardins. Il n’accorde de toute évidence pas grande importance à la qualité architecturale du Nymphée et du Pavillon Rouge mais les intègre dans le nouveau parc en tant que « ruines pittoresques ». C’est le parc de Berthault que nous voyons aujourd’hui, enrichi d’essences variées introduites au fil des ans. La tempête du 26 décembre 1999 y causa des dommages considérables, déracinant plus de trois cents arbres.

La reconstruction du château, après le désastre de 1914 est confiée par le marquis Charles de Lambertye à l’architecte Albert Laprade. Les éléments décoratifs du château détruit, fronton aux armes, mascarons, sont réutilisés sur la nouvelle construction qui conserve la même disposition mais sur un seul étage, surmonté d’un entresol, avec un toit en terrasse.

Le parc et les jardins sont classés en tant que Site Naturel par le Ministère de l’Environnement, et inscrits à l’inventaire des Monuments Historiques, ainsi que le château. Le Pavillon Rouge et le Nymphée sont classés Monuments Historiques. Un programme de restauration du Nymphée, restituant le décor intérieur et les jeux d’eau, est en cours grâce au soutien du Conseil Départemental de Meurthe-et-Moselle et de la Région Lorraine.

Pour en savoir plus

Un article de Charles d'ARENBERG relatif à la reconstruction du château après la 1ère guerre mondiale, a été publié en mars 2009 dans le Pays Lorrain, le journal trimestriel de la Société d'Histoire de la Lorraine et du Musée Lorrain. Vous pouvez consulter le texte de cet article en cliquant ici.